Risques d'escalade au Moyen Orient, perspective d'un QE3, opérations de maintenance de plates-formes en mer du nord, autant de facteurs haussiers qui ont propulsés le baril de Brent au-delà des 110 $ et le WTI à presque 100 $.
Si une nouvelle poussée autour des 150 $ est toujours possible et est même presque certaine à moyen-long terme, il me semble qu'aujourd'hui que tout ces facteurs sont déjà integrés dans les cours actuels.
Le mieux est donc de rester à l'écart pour le moment et d'attendre un éventuel repli en dessous de 80 $, si cette opportunité se présente de nouveau, il faudra sauter dessus sans hésiter.
Une nouvelle panique du type de celle de 2008 est même toujours possible compte tenu du risque de récession en Chine et d'une nouvelle étape dans la crise du système financier occidental.
En cas de prolongation de la baisse il faudra donc en profiter, en rachetant par exemple aux niveaux des 60 $ et 40 $.
Il ne faut pas avoir peur de suivre ce genre de stratégie, car les fondamentaux sur le long terme mènent forcément à des périodes où les prix seront plus élevés.
N'oubliez pas " Les investisseurs expérimentés s'attendent à des corrections et quand ils
voient les prix baisser, ils décident simplement de renforcer leurs positions "
- Jim Rogers dans son livre " Hot Commodities "
Suivez les conseils d'investissements et commentaires de l'investisseur légendaire Jim Rogers traduits en français
mardi 28 août 2012
lundi 27 août 2012
Dans quelles matières premières investir ?
Ceux qui suivent depuis longtemps les interventions de Jim Rogers sont certainement déjà positionnés sur le marché des matières premières et ont pu bénéficier de la hausse spectaculaire de ces dernières années.
Cependant, peut être certains ont ils manqués le train en route et hésitent maintenant à investir sur un marché qui a déjà considérablement augmenté.
En dehors des métaux précieux, dans lesquels même aux prix actuel tout investisseur devrait allouer une part importante de son portefeuille, je vous propose donc ma sélection d'une poignée de matières premières agricoles et énergétiques qui se trouvent à l'heure actuelle en retard sur le reste du marché, offrant encore l'opportunité de rentrer sur cette classe d'actif en profitant de cours toujours relativement dépréciés.
Je commencerais par le gaz naturel, puis seront traités le pétrole, le riz, le cacao, le café, le jus d'orange, le porc et le coton. Attention je ne dis pas que c'est actuellement le moment idéal pour les acheter, certaines d'entre elles peuvent bien sûr encore baisser, mais je détaillerais tout cela dans mes billets.
1/ Le Gaz Naturel US

Coté autour de 2,75 $ au moment où j'écris ces lignes, le gaz naturel US a commencé une remontée suite à un plus bas récent autour de 2 $.
Depuis fin 2008 le gaz naturel US a été fortement poussé à la baisse et a perdu toute corrélation avec le cour du baril de pétrole grâce au boom de la fracturation hydraulique, mais la sécheresse aux Etats-Unis est en train de bloquer de nombreuses opérations de fracturation.
Les élections de novembre seront à surveiller, car la politique énergétique peut avoir un impact important sur le niveau de l'offre, le candidat Mitt Romney ayant par exemple promis de faciliter l'exploitation des terres fédérales et d'autoriser la construction d'un pipeline qui permettrait d'importer du gaz naturel depuis le Cannada, une politique à rebours de celle de Barack Obama.
Une prolongation de la tendance baissière durant un certain temps est donc possible, cependant comme on le voit sur ce graphique le potentiel de hausse est considérable par rapport au risque de baisse, les problèmes actuels d'approvisionnement en eau liés à la sécheresse et l'arrivée de la période hivernale (les précédents pics ayant eu lieu entre septembre et février) pourraient être les catalyseurs d'un nouveau pic de courte durée.
Si les cours devaient continuer à s'enfoncer en dessous de 2$ sans qu'aucun pic de prix n'est lieu durant la période pré hivernale puis hivernale, je consseillerais tout simplement d'en racheter, et d'attendre passiament un retour autour de 3$ qui finira forcément par arriver.
A de tel niveau, il devient en effet très intéressant de remplacer le pétrole et autres sources d'énergie par le gaz naturel dans les processus industriels et pour l'approvisionnement en énergie de la population.
Cependant, peut être certains ont ils manqués le train en route et hésitent maintenant à investir sur un marché qui a déjà considérablement augmenté.
En dehors des métaux précieux, dans lesquels même aux prix actuel tout investisseur devrait allouer une part importante de son portefeuille, je vous propose donc ma sélection d'une poignée de matières premières agricoles et énergétiques qui se trouvent à l'heure actuelle en retard sur le reste du marché, offrant encore l'opportunité de rentrer sur cette classe d'actif en profitant de cours toujours relativement dépréciés.
Je commencerais par le gaz naturel, puis seront traités le pétrole, le riz, le cacao, le café, le jus d'orange, le porc et le coton. Attention je ne dis pas que c'est actuellement le moment idéal pour les acheter, certaines d'entre elles peuvent bien sûr encore baisser, mais je détaillerais tout cela dans mes billets.
1/ Le Gaz Naturel US

Coté autour de 2,75 $ au moment où j'écris ces lignes, le gaz naturel US a commencé une remontée suite à un plus bas récent autour de 2 $.
Depuis fin 2008 le gaz naturel US a été fortement poussé à la baisse et a perdu toute corrélation avec le cour du baril de pétrole grâce au boom de la fracturation hydraulique, mais la sécheresse aux Etats-Unis est en train de bloquer de nombreuses opérations de fracturation.
Les élections de novembre seront à surveiller, car la politique énergétique peut avoir un impact important sur le niveau de l'offre, le candidat Mitt Romney ayant par exemple promis de faciliter l'exploitation des terres fédérales et d'autoriser la construction d'un pipeline qui permettrait d'importer du gaz naturel depuis le Cannada, une politique à rebours de celle de Barack Obama.
Une prolongation de la tendance baissière durant un certain temps est donc possible, cependant comme on le voit sur ce graphique le potentiel de hausse est considérable par rapport au risque de baisse, les problèmes actuels d'approvisionnement en eau liés à la sécheresse et l'arrivée de la période hivernale (les précédents pics ayant eu lieu entre septembre et février) pourraient être les catalyseurs d'un nouveau pic de courte durée.
Si les cours devaient continuer à s'enfoncer en dessous de 2$ sans qu'aucun pic de prix n'est lieu durant la période pré hivernale puis hivernale, je consseillerais tout simplement d'en racheter, et d'attendre passiament un retour autour de 3$ qui finira forcément par arriver.
A de tel niveau, il devient en effet très intéressant de remplacer le pétrole et autres sources d'énergie par le gaz naturel dans les processus industriels et pour l'approvisionnement en énergie de la population.
dimanche 26 août 2012
Interview avec David Morgan
Puisque Jim Rogers parle régulièrement des métaux précieux en tant qu'opportunité d'investissement, je me permets de faire une exception et de publier une très bonne interview d'un autre investisseur célèbre, spécialiste des métaux précieux et des compagnies minières : David Morgan (non rien à voir avec JP Morgan).
Il publie avec son équipe le Morgan report, permettant de suivre ces analyses et ces conseils d'investissement sur ce marché.
Vous le retrouverez traduit en français sur le site http://economienet.net/
Il publie avec son équipe le Morgan report, permettant de suivre ces analyses et ces conseils d'investissement sur ce marché.
Vous le retrouverez traduit en français sur le site http://economienet.net/
samedi 25 août 2012
Juste du bon sens - Fin de l'interview de Jim Rogers dans Market Wizards
Quelle est la fallacie la plus répandue chez les traders?
Que le marché a toujours raison. Je peux moi au contraire vous assurer que le marché a toujours tort !
Quoi d’autre ?
Suivre la tendance est une ineptie. Vous devez au contraire aller au contraire des marchés. Vous devez apprendre à penser par vous-même. Vous devez comprendre que l’empereur est nu, mais qu’on ne lui dit jamais. La plupart des gens ne peuvent se résoudre à un tel positionnement. Celui qui croit que la tendance est son amie est sur le chemin de la ruine. Vous pouvez peut-être gagner un peu d’argent ainsi – mais ce sera toujours un peu, et vous ne pourrez jamais le conserver.
Pourtant, votre style est d’accompagner une tendance sur plusieurs années, en dépit des évènements ponctuels. Ce que vous dites n’est-il pas contradictoire ?
Non, ma technique est différente. J’achète souvent trop tôt, en contrarien. La tendance ne devient mon amie que sur la fin. Je la vends bien avant d’avoir eu à la suivre.
Quelles sont vos règles ?
Acheter la panique, vendre l’hystérie. Soyez avertis que tout change et très vite. Ne soyez pas hostiles au changement. Vous devez être flexible, jamais buté sur un système ou une idéologie. Ne jamais rien faire a moins de parfaitement savoir ce que l’on fait est primordial. Attendre l’opportunité parfaite, c'est la clé du succès.
Vous trompez-vous parfois ?
Très rarement. Mais c’est parce que je ne prends que 2 ou 3 décisions par an.
Seulement?
Je ne joue pas. Tout simplement, je ne joue pas.
Pourquoi si peu de gens sont aussi bons que vous l’êtes ?
Je ne sais pas. Regardez, quand vous voyez l’agriculture américaine toucher un plus bas, alors quoiqu’il se passe dans le monde – à moins que le monde cesse de manger – vous ne pouvez pas vous tromper. L’agriculture américaine est si compétitive, que si vous touchez un plus bas, ça ne peut que remonter ! Le pire qu’il puisse vous arriver, c’est d’acheter trop tôt !
Quoi d’autre vous rend unique ?
Je suis flexible. Je n’ai pas de limites. Je suis ouvert à tout, prêt à spéculer sur l’huile de palme malaisienne comme sur General Motors.
Quel est votre avis au sujet de l’analyse technique ?
Je n’ai jamais rencontré un technicien riche. A part, bien sûr, les techniciens qui vendent leur systèmes graphiques à des zozos assez crédules pour les acheter.
Mais vous m'avez pourtant dit que vous-même vous utilisiez les charts?
Oui, je les regarde chaque semaine. Je m’en sers pour comprendre ce qu’il se passe dans le monde.
Vous n’utilisez pas d’indicateurs, ou de figures techniques ?
J’ai essayé les intestins de poulet et j'ai obtenu de meilleurs résultats.
Vous dites que les marchés sont les mêmes aujourd’hui qu’en 1970, 1960, 1950 ?
Les marchés sont strictement les mêmes depuis qu’existe la loi de l’offre et de la demande ; c’est-à-dire, depuis toujours. Le marché des actions en 1980 est comme le marché des actions en 1880.
Un dernier mot ?
Investir avec succès ne demande vraiment rien d’autre que du bons sens. Mais c’est épatant comme peu de gens en ont, du bon sens.
Que le marché a toujours raison. Je peux moi au contraire vous assurer que le marché a toujours tort !
Quoi d’autre ?
Suivre la tendance est une ineptie. Vous devez au contraire aller au contraire des marchés. Vous devez apprendre à penser par vous-même. Vous devez comprendre que l’empereur est nu, mais qu’on ne lui dit jamais. La plupart des gens ne peuvent se résoudre à un tel positionnement. Celui qui croit que la tendance est son amie est sur le chemin de la ruine. Vous pouvez peut-être gagner un peu d’argent ainsi – mais ce sera toujours un peu, et vous ne pourrez jamais le conserver.
Pourtant, votre style est d’accompagner une tendance sur plusieurs années, en dépit des évènements ponctuels. Ce que vous dites n’est-il pas contradictoire ?
Non, ma technique est différente. J’achète souvent trop tôt, en contrarien. La tendance ne devient mon amie que sur la fin. Je la vends bien avant d’avoir eu à la suivre.
Quelles sont vos règles ?
Acheter la panique, vendre l’hystérie. Soyez avertis que tout change et très vite. Ne soyez pas hostiles au changement. Vous devez être flexible, jamais buté sur un système ou une idéologie. Ne jamais rien faire a moins de parfaitement savoir ce que l’on fait est primordial. Attendre l’opportunité parfaite, c'est la clé du succès.
Vous trompez-vous parfois ?
Très rarement. Mais c’est parce que je ne prends que 2 ou 3 décisions par an.
Seulement?
Je ne joue pas. Tout simplement, je ne joue pas.
Pourquoi si peu de gens sont aussi bons que vous l’êtes ?
Je ne sais pas. Regardez, quand vous voyez l’agriculture américaine toucher un plus bas, alors quoiqu’il se passe dans le monde – à moins que le monde cesse de manger – vous ne pouvez pas vous tromper. L’agriculture américaine est si compétitive, que si vous touchez un plus bas, ça ne peut que remonter ! Le pire qu’il puisse vous arriver, c’est d’acheter trop tôt !
Quoi d’autre vous rend unique ?
Je suis flexible. Je n’ai pas de limites. Je suis ouvert à tout, prêt à spéculer sur l’huile de palme malaisienne comme sur General Motors.
Quel est votre avis au sujet de l’analyse technique ?
Je n’ai jamais rencontré un technicien riche. A part, bien sûr, les techniciens qui vendent leur systèmes graphiques à des zozos assez crédules pour les acheter.
Mais vous m'avez pourtant dit que vous-même vous utilisiez les charts?
Oui, je les regarde chaque semaine. Je m’en sers pour comprendre ce qu’il se passe dans le monde.
Vous n’utilisez pas d’indicateurs, ou de figures techniques ?
J’ai essayé les intestins de poulet et j'ai obtenu de meilleurs résultats.
Vous dites que les marchés sont les mêmes aujourd’hui qu’en 1970, 1960, 1950 ?
Les marchés sont strictement les mêmes depuis qu’existe la loi de l’offre et de la demande ; c’est-à-dire, depuis toujours. Le marché des actions en 1980 est comme le marché des actions en 1880.
Un dernier mot ?
Investir avec succès ne demande vraiment rien d’autre que du bons sens. Mais c’est épatant comme peu de gens en ont, du bon sens.
vendredi 24 août 2012
Vente à découvert - Partie 4 de l'interview de Jim Rogers dans Market Wizards
L’hystérie est-elle toujours la même ?
Du moins suit-elle toujours le même cycle. Le sommet est atteint quand les gens pensent que le marché va monter pour toujours – alors les prix deviennent irrationnels, décorrélés de la réalité, et on arrive à la fin du cycle. Un nouveau cycle commence, mais dans le sens inverse.
Que pensez-vous du marché Japonais ?
Je vous garantis que le marché japonais va connaitre une chute majeure, à mon avis dans un an ou deux. Je pense que le Nikkei va chuter d’au moins 80% [prophétie qui s’est avérée exacte, NDLR].
Ceci signifie-t-il que vous vendez le Nikkei à découvert ?
J’hésite. Bien que je sois convaincu de l’imminence d’un effondrement, je dois être très vigilant, car les Japonais peuvent changer les règles du jeu à tout moment. Je ne sais pas si vous avez entendu parler du marché des actions Koweitien durant les années 1980-1981 ? A cette époque, au Koweit, vous pouviez acheter les actions avec un chèque postdaté. Vous pouviez n’avoir que 10 dollars sur vote compte, mais acheter pour 10 millions de dollars d’actions, avec un chèque postdaté émis par une société de courtage indépendante. Tout le monde le faisait ! C’était un exemple évident d’hystérie. Pourtant, je ne l’ai pas vendu à découvert, et j’ai eu raison – parce que quand le système s’est effondré, le Koweit a changé les règles du jeu, et je n’aurais jamais pu rapatrié mon argent. Quad un gouvernement change les règles du jeu pour se protéger, ça ne peut pas être bon pour Jim Rogers. N’imaginez pas qu’un gouvernement se laisse dépouiller aussi facilement.
Mais que peut-il bien faire ?
Geler la monnaie. Interdire les rapatriements de capitaux. Dévaluer massivement. Dieu seul sait ce qui leur passera par la tête !
Pourquoi avez-vous quitté le Quantum fund ?
Quand je suis arrivé à NYC en 1968, j’étais un garçon pauvre d’Alabama. En 1979, j’avais plus d’argent que je pensais qu’il n’en existait à la surface du globe. Et puis, nous étions devenus gros. Nous avions 50 employés, et ils me donnaient des migraines avec leur demandes de congés, d’augmentation, etc. Je n’étais pas intéressé par tout ça. J’étais intéressé par l’investissement, par comprendre le monde. En 80, j’ai ramassé mes billes et je suis parti.
Un souvenir particulièrement dramatique de votre temps a Quantum ?
L’été 71. Nous étions long Japon et short US. Un dimanche soir, Nixon annonce la fin de la convertibilité or du dollar. J’étais quelque part sur ma moto, loin de la ville. Je suis arrivé le lundi matin au bureau sans avoir lu la presse. Ce même matin le Nikkei était en baisse de 20% et le Dow Jones en hausse de 20%. Nous perdions beaucoup, par les deux bouts. C’était la panique à bord.
Qu’avez-vous fait ? Vous avez liquidé ?
Impossible ! Qui aurait acheté ? Dans une telle situation, ce que vous devez faire c’est vous assurer que votre raisonnement initia était correct. C’est ce que nous avons fait, et oui nous étions corrects. Alors, nous avons conservé nos positions et nous avons attendu.
Donc vous avez conservé votre position en dépit d’une perte papier importante ?
Exactement. Une perte sur le papier n'est pas une perte dans la réalité.
Mais étiez-vous vraiment sûr de votre coup ?
Oui. La décision de Nixon n’était qu’une autre étape dans la dissolution des accords de Bretton Woods. L’Amérique était en déclin et le dollar avec elle. Le rally suite à une déclaration politique ne serait que de courte durée. La tendance de fond était trop forte.
Etes-vous en train de dire que lorsqu’un gouvernement prend une mesure contre une tendance, vous devriez vendre à découvert juste après le rally qui suit l’annonce de la mesure ?
Exactement. Ceci devrait d’ailleurs être gravé dans la roche – investissez toujours dans le sens inverse de la banque centrale. Quand une banque centrale tente de redynamiser une monnaie, vendez la monnaie à découvert.
Du moins suit-elle toujours le même cycle. Le sommet est atteint quand les gens pensent que le marché va monter pour toujours – alors les prix deviennent irrationnels, décorrélés de la réalité, et on arrive à la fin du cycle. Un nouveau cycle commence, mais dans le sens inverse.
Que pensez-vous du marché Japonais ?
Je vous garantis que le marché japonais va connaitre une chute majeure, à mon avis dans un an ou deux. Je pense que le Nikkei va chuter d’au moins 80% [prophétie qui s’est avérée exacte, NDLR].
Ceci signifie-t-il que vous vendez le Nikkei à découvert ?
J’hésite. Bien que je sois convaincu de l’imminence d’un effondrement, je dois être très vigilant, car les Japonais peuvent changer les règles du jeu à tout moment. Je ne sais pas si vous avez entendu parler du marché des actions Koweitien durant les années 1980-1981 ? A cette époque, au Koweit, vous pouviez acheter les actions avec un chèque postdaté. Vous pouviez n’avoir que 10 dollars sur vote compte, mais acheter pour 10 millions de dollars d’actions, avec un chèque postdaté émis par une société de courtage indépendante. Tout le monde le faisait ! C’était un exemple évident d’hystérie. Pourtant, je ne l’ai pas vendu à découvert, et j’ai eu raison – parce que quand le système s’est effondré, le Koweit a changé les règles du jeu, et je n’aurais jamais pu rapatrié mon argent. Quad un gouvernement change les règles du jeu pour se protéger, ça ne peut pas être bon pour Jim Rogers. N’imaginez pas qu’un gouvernement se laisse dépouiller aussi facilement.
Mais que peut-il bien faire ?
Geler la monnaie. Interdire les rapatriements de capitaux. Dévaluer massivement. Dieu seul sait ce qui leur passera par la tête !
Pourquoi avez-vous quitté le Quantum fund ?
Quand je suis arrivé à NYC en 1968, j’étais un garçon pauvre d’Alabama. En 1979, j’avais plus d’argent que je pensais qu’il n’en existait à la surface du globe. Et puis, nous étions devenus gros. Nous avions 50 employés, et ils me donnaient des migraines avec leur demandes de congés, d’augmentation, etc. Je n’étais pas intéressé par tout ça. J’étais intéressé par l’investissement, par comprendre le monde. En 80, j’ai ramassé mes billes et je suis parti.
Un souvenir particulièrement dramatique de votre temps a Quantum ?
L’été 71. Nous étions long Japon et short US. Un dimanche soir, Nixon annonce la fin de la convertibilité or du dollar. J’étais quelque part sur ma moto, loin de la ville. Je suis arrivé le lundi matin au bureau sans avoir lu la presse. Ce même matin le Nikkei était en baisse de 20% et le Dow Jones en hausse de 20%. Nous perdions beaucoup, par les deux bouts. C’était la panique à bord.
Qu’avez-vous fait ? Vous avez liquidé ?
Impossible ! Qui aurait acheté ? Dans une telle situation, ce que vous devez faire c’est vous assurer que votre raisonnement initia était correct. C’est ce que nous avons fait, et oui nous étions corrects. Alors, nous avons conservé nos positions et nous avons attendu.
Donc vous avez conservé votre position en dépit d’une perte papier importante ?
Exactement. Une perte sur le papier n'est pas une perte dans la réalité.
Mais étiez-vous vraiment sûr de votre coup ?
Oui. La décision de Nixon n’était qu’une autre étape dans la dissolution des accords de Bretton Woods. L’Amérique était en déclin et le dollar avec elle. Le rally suite à une déclaration politique ne serait que de courte durée. La tendance de fond était trop forte.
Etes-vous en train de dire que lorsqu’un gouvernement prend une mesure contre une tendance, vous devriez vendre à découvert juste après le rally qui suit l’annonce de la mesure ?
Exactement. Ceci devrait d’ailleurs être gravé dans la roche – investissez toujours dans le sens inverse de la banque centrale. Quand une banque centrale tente de redynamiser une monnaie, vendez la monnaie à découvert.
mercredi 22 août 2012
Nouveau départ - Partie 3 de l'interview de Jim Rogers dans Market Wizards
Au fait, et j’aurais dû vous poser la question avant, mais comment en êtes-vous venu à ce métier ?
Par hasard. En 1964, alors étudiant, j’ai décroché un job d’été dans une firme de Wall Street par l’intermédiaire d’un ami. Je n’y connaissais rien à l’époque. Je ne connaissais pas la différence entre une action et une obligation. La seule chose que je savais à propos de Wall Street, c’est que c’était quelque part dans New York et qu’il s’y était passé quelque chose de fort déplaisant en 1929. Après ce job d’été, je suis parti à Oxford. Pendant que les autres faisaient la fête, je lisais le Financial Times.
Et après Oxford ?
Je suis parti à l’armée. En 1968, quand j’en eus fini, je suis retourné à Wall Street. J’investissais tout ce que je pouvais. Ma première épouse me disait « il nous faut une télé ». Je répondais « Pourquoi une télé ? Mettons l’argent sur le marché, et nous pourrons avoir dix télés ».
Que faisiez-vous alors?
J’étais junior analyst.
Vous étiez sur quelles actions ?
Mécanique industrielle et agences de publicité.
Vous investissiez dans ces actions ?
J’investissais dans tout.
Avec réussite ?
Je suis entré sur le marché début août 1968, pile poil au plus haut. J’ai perdu beaucoup, mais il me restait un peu. En janvier 1970, j’étais convaincu que nous aurions un bear market ; j’ai pris tout ce que j’avais et j’ai acheté des puts. En mai, j’avais triplé mon capital. En juillet, j’ai commencé à vendre à découvert. En septembre, j’étais ruiné ! (« Wiped Out », NDLR). Ces deux premières années étaient géniales ; j’étais passé du statut de génie à celui d’abruti.
Donc vous étiez de retour au point zéro en Septembre 1970 ?
Oui. J’ai raclé les fonds de tiroir et je suis revenu sur le marché. Je n’en avais vraiment rien à faire des télés et des sofas. Ma femme m’a quitté. J’étais l’entrepreneur personnifié. Tout ce que je trouvais, en temps, en argent et en énergie, je le mettais dans le marché.
Vous n’investissiez alors que dans des actions ?
Non, dans tout. Obligations, actions, monnaies, matières premières.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à tant de marchés ?
Je m’intéresse à tout depuis le premier jour. Et J’ai toujours eu du flair pour les fluctuations de monnaies. Quand j’étais étudiant à Oxford, je savais qu’ils allaient bientôt dévaluer la Livre. Et effectivement, c’est arrivé – mais un an plus tard. Comme d’habitude, j’étais un peu trop tôt.
Après votre déroute de Septembre 1970, comment vous êtes-vous remis en selle ?
Mes premières pertes m’ont beaucoup appris. Depuis, et je n’aime guère m’en vanter, je n’ai commis que peu d’erreurs. J’ai vite appris à ne rien faire – à moins de savoir parfaitement ce que je faisais. J’ai appris qu’il valait mieux ne rien faire et attendre de maitriser un concept et un prix si parfaitement que, même si vous avez tort, vous n’allez pas trop en souffrir.
Avez-vous eu des années dans le rouge après vos premières déconvenues ?
Non.
Comment avez-vous rencontré George Soros ?
En 1970, je travaillais pour lui à Arnhold & Bleichroeder.
Et vous avez commencé le Quantum Fund ensemble?
Nous sommes partis de A&B parce qu’on ne nous autorisait pas à toucher de commission sur nos trades. Soros était le senior partner, moi le junior partner. Le jour où nous avons commencé, il n’y avait que lui, moi, et une secrétaire.
Que faisiez-vous au Quantum ?
Nous investissions dans tout – tout ! Long et short, en Amérique et dans le monde.
Comment vous partagiez-vous le travail ?
George était le trader, moi l’analyste. Je venais avec l’idée, lui avec l'éxécution. Quand nous n’étions pas d’accord, nous ne faisions rien. Ceci dit, ça n’arrivait vraiment pas souvent. Je déteste dire ça, parce qu’investir avec le consensus est généralement une catastrophe, mais Soros et moi étions essentiellement tout le temps d’accord l’un avec l’autre.
Comment évaluiez-vous le risque de chacune de vos positions ?
Nous ne le faisions pas. Nous nous contentions de couper nos positions les moins attractives pour sauter sur les opportunités qui se présentaient.
C’est original.
Certainement. Même aujourd’hui, je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui procède ainsi. Mais George avait une maitrise tout à fait exceptionnelle du trading.
Mais comment faites-vous, maintenant que vous êtes « retraité » [Rogers est un investisseur indépendant qui aime se présenter comme un « retraité », NDLR] ou même à l’époque où vous étiez au Quantum , pour suivre tant de marchés à la fois ?
J’ai passé tant d’années à intégrer toute ce que je pouvais – tout, livres, magazines, études, recherches, etc. que j’ai pu développer un grand sens de la perspective sur de nombreux marchés. Quand j’enseigne, les étudiants sont souvent stupéfaits devant mon niveau de connaissance historique de la finance. Je connais tous les bull et bear market de l’histoire depuis le 18eme siècle. Je crois que c’est ça, qui me permet de suivre tant de marchés à la fois. Car les marchés, justement, ont toujours été identiques, et ils seront toujours identiques. Les délires et fantasmes sont à chaque fois les mêmes. Des peurs paniques aux euphories hystériques, toujours les mêmes !
J’imagine que le grand krach de 1987 est une parfaite illustration de votre théorie ?
Bien sûr. C’était l’hystérie, tout le monde pensait que les prix allaient monter pour toujours. La théorie de l’époque, c’est qu’on allait manquer d’actions, que l’offre d’actions allait s’épuiser parce qu’il y avait trop d’argent [il rit]. Quelques mois plus tard, il y avait pléthore d’actions mais pénurie d’argent !
Par hasard. En 1964, alors étudiant, j’ai décroché un job d’été dans une firme de Wall Street par l’intermédiaire d’un ami. Je n’y connaissais rien à l’époque. Je ne connaissais pas la différence entre une action et une obligation. La seule chose que je savais à propos de Wall Street, c’est que c’était quelque part dans New York et qu’il s’y était passé quelque chose de fort déplaisant en 1929. Après ce job d’été, je suis parti à Oxford. Pendant que les autres faisaient la fête, je lisais le Financial Times.
Et après Oxford ?
Je suis parti à l’armée. En 1968, quand j’en eus fini, je suis retourné à Wall Street. J’investissais tout ce que je pouvais. Ma première épouse me disait « il nous faut une télé ». Je répondais « Pourquoi une télé ? Mettons l’argent sur le marché, et nous pourrons avoir dix télés ».
Que faisiez-vous alors?
J’étais junior analyst.
Vous étiez sur quelles actions ?
Mécanique industrielle et agences de publicité.
Vous investissiez dans ces actions ?
J’investissais dans tout.
Avec réussite ?
Je suis entré sur le marché début août 1968, pile poil au plus haut. J’ai perdu beaucoup, mais il me restait un peu. En janvier 1970, j’étais convaincu que nous aurions un bear market ; j’ai pris tout ce que j’avais et j’ai acheté des puts. En mai, j’avais triplé mon capital. En juillet, j’ai commencé à vendre à découvert. En septembre, j’étais ruiné ! (« Wiped Out », NDLR). Ces deux premières années étaient géniales ; j’étais passé du statut de génie à celui d’abruti.
Donc vous étiez de retour au point zéro en Septembre 1970 ?
Oui. J’ai raclé les fonds de tiroir et je suis revenu sur le marché. Je n’en avais vraiment rien à faire des télés et des sofas. Ma femme m’a quitté. J’étais l’entrepreneur personnifié. Tout ce que je trouvais, en temps, en argent et en énergie, je le mettais dans le marché.
Vous n’investissiez alors que dans des actions ?
Non, dans tout. Obligations, actions, monnaies, matières premières.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser à tant de marchés ?
Je m’intéresse à tout depuis le premier jour. Et J’ai toujours eu du flair pour les fluctuations de monnaies. Quand j’étais étudiant à Oxford, je savais qu’ils allaient bientôt dévaluer la Livre. Et effectivement, c’est arrivé – mais un an plus tard. Comme d’habitude, j’étais un peu trop tôt.
Après votre déroute de Septembre 1970, comment vous êtes-vous remis en selle ?
Mes premières pertes m’ont beaucoup appris. Depuis, et je n’aime guère m’en vanter, je n’ai commis que peu d’erreurs. J’ai vite appris à ne rien faire – à moins de savoir parfaitement ce que je faisais. J’ai appris qu’il valait mieux ne rien faire et attendre de maitriser un concept et un prix si parfaitement que, même si vous avez tort, vous n’allez pas trop en souffrir.
Avez-vous eu des années dans le rouge après vos premières déconvenues ?
Non.
Comment avez-vous rencontré George Soros ?
En 1970, je travaillais pour lui à Arnhold & Bleichroeder.
Et vous avez commencé le Quantum Fund ensemble?
Nous sommes partis de A&B parce qu’on ne nous autorisait pas à toucher de commission sur nos trades. Soros était le senior partner, moi le junior partner. Le jour où nous avons commencé, il n’y avait que lui, moi, et une secrétaire.
Que faisiez-vous au Quantum ?
Nous investissions dans tout – tout ! Long et short, en Amérique et dans le monde.
Comment vous partagiez-vous le travail ?
George était le trader, moi l’analyste. Je venais avec l’idée, lui avec l'éxécution. Quand nous n’étions pas d’accord, nous ne faisions rien. Ceci dit, ça n’arrivait vraiment pas souvent. Je déteste dire ça, parce qu’investir avec le consensus est généralement une catastrophe, mais Soros et moi étions essentiellement tout le temps d’accord l’un avec l’autre.
Comment évaluiez-vous le risque de chacune de vos positions ?
Nous ne le faisions pas. Nous nous contentions de couper nos positions les moins attractives pour sauter sur les opportunités qui se présentaient.
C’est original.
Certainement. Même aujourd’hui, je n’ai jamais rencontré qui que ce soit qui procède ainsi. Mais George avait une maitrise tout à fait exceptionnelle du trading.
Mais comment faites-vous, maintenant que vous êtes « retraité » [Rogers est un investisseur indépendant qui aime se présenter comme un « retraité », NDLR] ou même à l’époque où vous étiez au Quantum , pour suivre tant de marchés à la fois ?
J’ai passé tant d’années à intégrer toute ce que je pouvais – tout, livres, magazines, études, recherches, etc. que j’ai pu développer un grand sens de la perspective sur de nombreux marchés. Quand j’enseigne, les étudiants sont souvent stupéfaits devant mon niveau de connaissance historique de la finance. Je connais tous les bull et bear market de l’histoire depuis le 18eme siècle. Je crois que c’est ça, qui me permet de suivre tant de marchés à la fois. Car les marchés, justement, ont toujours été identiques, et ils seront toujours identiques. Les délires et fantasmes sont à chaque fois les mêmes. Des peurs paniques aux euphories hystériques, toujours les mêmes !
J’imagine que le grand krach de 1987 est une parfaite illustration de votre théorie ?
Bien sûr. C’était l’hystérie, tout le monde pensait que les prix allaient monter pour toujours. La théorie de l’époque, c’est qu’on allait manquer d’actions, que l’offre d’actions allait s’épuiser parce qu’il y avait trop d’argent [il rit]. Quelques mois plus tard, il y avait pléthore d’actions mais pénurie d’argent !
mardi 21 août 2012
Les politiciens, l'or et l'inflation - Partie 2 de l'interview de Jim Rogers dans Market Wizards
Pensez-vous que l’on puisse vivre une panique financière sans avoir de récession ?
Oui, c’est déjà souvent arrivé. En 1937 par exemple. En 1987 je ne m’inquiétais pas d’une récession parce que le dollar s’affaiblissait encore et toujours, et parce que qu’ainsi de nombreuses industries américaines allaient très bien s’en sortir – comme l’acier, l’agriculture, les mines et le textile.
Donc, malgré une chute du marché, l’économie peut tenir le cap ?
Oui. Sauf si les politiciens y ajoutent leur grain de sel.
En faisant quoi par exemple ?
En haussant les taxes et les barrières douanières. Entre autres. Les politiciens sont tellement bons pour foutre un pays par terre ! L’histoire n’est pas avare d’exemples. En bout de ligne, on peut même dire que ça ne rate jamais ! Ils trouvent toujours le moyen de foutre leur pays par terre!
Etant donné l’ampleur de nos problèmes actuels de déficit, que pourraient faire les politiques pour réduire ce dernier ?
Je vais vous donner un exemple, mais je pourrais vous en donner cent ! Le gouvernement dépense chaque année 5 milliards de dollars pour soutenir le prix du sucre, afin que les américains l’achètent a 22 centimes le kilo, alors que sur le marché mondial il ne coute que 8 centimes le kilo. Cinq milliards ! Nous serions bien mieux si le gouvernement disait a chaque propriétaire de plantation sucrière « nous vous donnons $100,000 par an pour le reste de votre vie, une Porsche et un appartement à Miami si vous vous retirez du business ! ». Tout le pays se porterait mieux, et nous autre consommateurs payerions moins pour le sucre. Mais juste pour faire tenir les intérêts d’une corporation et s’assurer ses voix, le gouvernement est prêt à toutes les absurdités !
Puisque nous évoquons les différents types de scénarios monétaires, avez-vous une opinion au sujet de l’or ?
En 1934 le prix de l’once était établi à 35$. Par la suite la production a décliné chaque année jusqu’en 1980. La production diminuait car il n’existait aucune incitation à miner davantage. Durant ces 45 années de baisse successive de l’offre, la demande a lentement mais sûrement continué à monter, particulièrement dans les années 60’ et 70’ quand a commencé la révolution de l’électronique. Demande qui monte, offre qui baisse, vous connaissez la suite. Avant que les années 70 ne commencent, j’étais certain que nous aurions un formidable bull market. Même avec l’inflation a 0%, vous auriez eu ce bull market, juste à cause des lois de l’offre et de la demande. C’était aussi simple que cela. Mais la situation a radicalement changé dans les années 80. Rien de mieux que de tirer le prix de l’or de 35$ à 875$ l’once [NDLR, en 1981] pour amorcer une nouvelle ruée vers l’or. La production est remontée année après année à partir de 1980. Précisément le moment où j’ai revendu ! Pour ce qui est du futur, je ne crois pas que l’or sera la meilleure couverture contre l’inflation durant les années 90.
Voulez-vous dire que l’or est une couverture contre l’inflation du passé ?
Les généraux ont toujours une guerre de retard. Les gérants de portefeuille investissent toujours dans le dernier bull market. L’idée que l’or est un "great store of value" est absurde. Il y a eu de nombreuses périodes dans l’histoire durant lesquelles l’or a perdu de son pouvoir d’achat – et parfois pour plusieurs décennies.
Dans une situation de panique ou de révolution, on pourrait s’attendre à voir le prix exploser ?
Au début oui. Mais pas pour longtemps, car un système monétaire établi sur de nouvelles bases serait vite remis en place.
Qu’achèteriez-vous pour vous prémunir d’une situation de chaos total ?
Une ferme à la campagne, et un fusil.
Oui, c’est déjà souvent arrivé. En 1937 par exemple. En 1987 je ne m’inquiétais pas d’une récession parce que le dollar s’affaiblissait encore et toujours, et parce que qu’ainsi de nombreuses industries américaines allaient très bien s’en sortir – comme l’acier, l’agriculture, les mines et le textile.
Donc, malgré une chute du marché, l’économie peut tenir le cap ?
Oui. Sauf si les politiciens y ajoutent leur grain de sel.
En faisant quoi par exemple ?
En haussant les taxes et les barrières douanières. Entre autres. Les politiciens sont tellement bons pour foutre un pays par terre ! L’histoire n’est pas avare d’exemples. En bout de ligne, on peut même dire que ça ne rate jamais ! Ils trouvent toujours le moyen de foutre leur pays par terre!
Etant donné l’ampleur de nos problèmes actuels de déficit, que pourraient faire les politiques pour réduire ce dernier ?
Je vais vous donner un exemple, mais je pourrais vous en donner cent ! Le gouvernement dépense chaque année 5 milliards de dollars pour soutenir le prix du sucre, afin que les américains l’achètent a 22 centimes le kilo, alors que sur le marché mondial il ne coute que 8 centimes le kilo. Cinq milliards ! Nous serions bien mieux si le gouvernement disait a chaque propriétaire de plantation sucrière « nous vous donnons $100,000 par an pour le reste de votre vie, une Porsche et un appartement à Miami si vous vous retirez du business ! ». Tout le pays se porterait mieux, et nous autre consommateurs payerions moins pour le sucre. Mais juste pour faire tenir les intérêts d’une corporation et s’assurer ses voix, le gouvernement est prêt à toutes les absurdités !
Puisque nous évoquons les différents types de scénarios monétaires, avez-vous une opinion au sujet de l’or ?
En 1934 le prix de l’once était établi à 35$. Par la suite la production a décliné chaque année jusqu’en 1980. La production diminuait car il n’existait aucune incitation à miner davantage. Durant ces 45 années de baisse successive de l’offre, la demande a lentement mais sûrement continué à monter, particulièrement dans les années 60’ et 70’ quand a commencé la révolution de l’électronique. Demande qui monte, offre qui baisse, vous connaissez la suite. Avant que les années 70 ne commencent, j’étais certain que nous aurions un formidable bull market. Même avec l’inflation a 0%, vous auriez eu ce bull market, juste à cause des lois de l’offre et de la demande. C’était aussi simple que cela. Mais la situation a radicalement changé dans les années 80. Rien de mieux que de tirer le prix de l’or de 35$ à 875$ l’once [NDLR, en 1981] pour amorcer une nouvelle ruée vers l’or. La production est remontée année après année à partir de 1980. Précisément le moment où j’ai revendu ! Pour ce qui est du futur, je ne crois pas que l’or sera la meilleure couverture contre l’inflation durant les années 90.
Voulez-vous dire que l’or est une couverture contre l’inflation du passé ?
Les généraux ont toujours une guerre de retard. Les gérants de portefeuille investissent toujours dans le dernier bull market. L’idée que l’or est un "great store of value" est absurde. Il y a eu de nombreuses périodes dans l’histoire durant lesquelles l’or a perdu de son pouvoir d’achat – et parfois pour plusieurs décennies.
Dans une situation de panique ou de révolution, on pourrait s’attendre à voir le prix exploser ?
Au début oui. Mais pas pour longtemps, car un système monétaire établi sur de nouvelles bases serait vite remis en place.
Qu’achèteriez-vous pour vous prémunir d’une situation de chaos total ?
Une ferme à la campagne, et un fusil.
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